Journal d’une Camgirl #9 – La petite nouvelle

Mon CDD est terminé depuis quelques semaines, et la cam me permet de m’occuper quand j’en ai marre d’envoyer des CV (c’est-à-dire tout le temps). Mes habitués de la première fois sont toujours au rendez-vous, contents de retrouver Kitty Girl, qui se lâche de plus en plus.

A force de faire des shows, j’ai quelque peu changé d’avis à propos de l’anonymat. Je ne cache plus tellement mon visage. Après tout, on m’a reconnu sans que je le montre alors… Et puis surtout c’est assez pénible de se lâcher quand on doit faire attention à ne pas se montrer sous tel ou tel angle. En plus on a commencé à me faire des compliments sur mes yeux, alors mon ego n’a pas envie de continuer à les cacher.

Aujourd’hui j’essaie un nouveau site, Chaturbate, d’après les conseils de Stephen (le rédac chef du Tag). Il m’a démontré à l’aide de schémas et de graphiques qu’il était plus connu et plus cliqué que celui où je me connecte habituellement. Je me suis donc créé un profil avec le même pseudo, pour que mes followers m’y retrouvent, et je leur ai indiqué mon changement d’adresse sur Twitter afin de ne pas me sentir trop seule.

La veille, j’avais envoyé au site ma demande d’authentification obligatoire : une photo de moi à côté de ma pièce d’identité, ainsi qu’un scan de la dite pièce d’identité.

chaturbate vérification
La réponse de la vérification a été hyper rapide. J’ai exploré le fonctionnement du salon, qui est vraiment très similaire à celui dont j’ai l’habitude. La grosse différence se situe au niveau de la gestion des « goals ». Pour les néophytes, les « goals » pour les camgirls, c’est le niveau de tokens à atteindre soit avant le « final » soit avant l’étape suivante. Moi par exemple, je mets toujours un goal pour me mettre nue, puis un pour me caresser, puis un pour sortir les jouets, et une fois j’en ai même mis un pour l’anal. Bref, il se trouve que le site Chaturbate propose une multitude d' »apps » et de « bots » qui permettent d’automatiser la gestion de ses goals et des messages qu’on veut diffuser sur le tchat.

J’avoue que ça soulage pas mal. On peut envoyer un message automatisé à chaque tip, et rappeler le thème et les conditions du salon toutes les 15 minutes par exemple. Tout ça me libère pas mal l’esprit pour me concentrer uniquement sur ce que je fais et oublier le côté « racolage » puisque ça se fait tout seul.

App chaturbate

La conversion des tokens est différente sur Chaturbate. Ici, 1 token = 0.05 cents. Pour gagner la même chose (en Euros) que sur l’autre, il faudra donc que je reçoive le double de tokens… Et bien entendu, les frais de virement sont également de 50$. Je me rends compte que pour encaisser mon argent sur les deux plateformes, je perds déjà 100$ gagnés à la sueur de mon… front. Dans un coin de ma tête je me dis que plus j’aurai de tokens, plus je pourrais réduire le pourcentage que représentent ces frais de virement. Il va falloir trimer !

J’attaque donc. Ma crainte de ne pas avoir de spectateurs est vite envolée. Je suis étiquetée en tant que nouvelle sur le site, et cela m’apporte pas mal de trafic. J’ai tout de suite l’impression que les spectateurs sont plus « internationaux » sur Chaturbate. Je peux me la jouer en répondant aux anglophones, aux hispanophones, et en baragouinant parfois en allemand (je suis vraiment trop rouillée de côté là).

Tout se passe bien, comme d’habitude. Je ne parle toujours pas. Les gens réclament d’entendre ma voix peut-être encore plus que les autres fois, mais vraiment je n’ose pas. C’est tellement reconnaissable une voix, c’est personnel et intime surtout pour moi. La voix c’est hyper important. Et les rares fois ou j’ai été enregistrée, je n’ai pas aimé la mienne du tout. Je fais mon show tranquille, en silence donc, à part les quelques gémissements qui m’échappent lorsqu’une caresse me fait frissonner. Je croise quelques pseudos de mes followers de l’autre site, qui m’ont suivi. Je m’amuse beaucoup. Les gens font beaucoup de blagues, et comme je suis bon public, je ris. Ceux qui me connaissent sauront que mon rire n’est pas discret. Et des fois les mecs connectés me font beaucoup rire, j’avoue. Et je vois dans le tchat les gens qui me disent « Parle, dis nous un mot, on t’entend rire tu sais, et taper au clavier. » Je ne réponds rien. Je fais mon truc comme d’habitude, et j’atteins mes goals tranquillement.

make it rain

Au bout de quelques heures, je finis par avoir envie de me déconnecter, alors je préviens la « room », et je fais mon petit rituel de remerciement, je tchatte un peu à droite à gauche, et je fais des signes d’au revoir de la main. Encore quelqu’un qui insiste sur le tchat pour entendre ma voix. Alors je m’approche de la webcam pour parler. Je n’y arrive pas, et ça me fait rire. Au bout de quelques minutes je sors un timide « Bonsoir et merci ». On dirait une gamine de 10 ans qui n’ose pas réciter sa poésie devant tout le monde, alors que je suis la plus grande gueule que vous rencontrerez jamais. J’éclate de rire devant le ridicule de la situation. Et je répète, un peu plus fort. « Merci à tous et à bientôt », je suis rouge de honte. C’est incompréhensible. Je relis une dernière fois le tchat avant de déconnecter.

« Ah bah enfin elle parle la petite nouvelle ! »

8 réflexions sur “Journal d’une Camgirl #9 – La petite nouvelle

      1. 31 mademoiselle lol je te trouve attirante alors hein bon 🙂 looool allez quoi 🙂 je dois bien avoir quelques token ? 🙂 (mon mail est dans le pseudo puisque tu es l’admin du blog lol )

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  1. Je crois que l’on a toutes eut du mal à parler à la cam ! On ce sent bête ! Ridicule ( alors que nous sommes déjà à Moitier nue ) et pourtant cela ressemble à un porno sans le son . Si l’on est sur des plateformes type chaturbate ou cam4 c’est pour le lien avec les voyeurs , c’est l’échange avec eux qui nous motive . Mais quel difficulté que de sortir le premier bonjour la room !! Bon courage

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    1. J’ai plutôt l’impression qu’on est toutes différentes. Moi, ce qui m’était difficile, ce n’était pas de parler, mais de me montrer et d’aller jusqu’à l’orgasme devant une cam. Je n’y arrivais pas et ça m’était insupportable. Alors, je laissais le son et je coupais juste la video. Là, ça marchait : j’étais tellement excitée que je jouissais presque tout de suite, avec les visiteurs qui m’encourageaient et que j’imaginais. Je me dis que j’aurais dû naître avant et que j’étais faite pour le minitel rose… Et c’est justement parce que tu es si différente de ce que j’ai été à l’époque où je diffusais sur cam4 que j’adore te lire. Et que je me dis que j’aurais adoré t’entendre.

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