carmina hellfest 2017 Pippo Jawor

Journal d’une Camgirl #405 – Je cours

Précédemment dans le Journal d’une Camgirl : j’avance dans la production du documentaire et dans la réflexion autour de mon premier court-métrage porno.

J’avais eu l’impression d’être bien occupée ces temps-ci, hé bien ce n’est rien comparé à ce qui m’attend en juin. La production du documentaire s’accélère, j’ai des engagements à Paris, je dois me rendre au Hellfest pour faire un reportage pour le Tag et ensuite, j’enchaîne sur le WTF* Fest. C’est dans ces cas-là que je me dis que vivre à Toulouse n’est vraiment pas idéal. C’est une ville que j’apprécie énormément, mais tout se passe à Paris, je deviens dingue à force de trains, avions, covoiturages, bus. Je sais que c’est une chance de voyager et se déplacer, j’en suis consciente, mais vraiment quand je pense aux heures que je gagnerais si je vivais à la capitale, ça me fait flipper.

Je commence donc mon périple par la route jusqu’à Clisson, pour le festival. Mais avant, je dois m’arrêter à Bordeaux pour filmer l’interview qui sera la trame du documentaire. On a réservé pour l’occasion un théâtre à Bordeaux, il y a plein de matos, une énorme caméra, des ingénieurs du son, une assistante. C’est un vrai tournage, ça me rend à la fois, nerveuse et curieuse. Je me dis que bientôt ce sera à moi d’organiser ça, et je vois bien en même temps que je pourrai jamais avoir autant de matériel et de moyens pour le personnel quand je ferai mes films. J’essaie de repousser ces pensées pour ne pas avoir l’air stressée pendant l’interview. Je vais devoir parler de moi pendant au moins une heure, essayer de dire des choses sensées et intelligentes, mais sans avoir l’air trop sérieuse. Bref, un exercice compliqué que je ne maîtrise pas encore.

Je n’ai même pas le temps de traîner à Bordeaux, puisque mon covoiturage pour le Hellfest est prévu à 14h. Je rejoins Laé sur place et on essaie de se mettre d’accord sur ce qu’on veut filmer. C’est mon premier reportage et franchement, à part ce que Fred m’a appris pendant qu’on tournait le documentaire ces derniers mois, j’y connais rien du tout. Encore une fois, je flippe en me disant « Mais meuf, tu vas devoir réaliser un film dans 2 mois même pas, et là tu galères sur un reportage de 8 minutes ? ça va se passer comment concrètement si tu sais pas ce que tu fais ? ». Je fais taire la petite voix dans ma tête à coup de pintes de Skoll fraîches et rhum-coca (l’abus d’alcool est dangereux pour la santé mes amis, ndlr). Je fais le live sur Snapchat comme lors du dernier PornFilmFest et la Fête du Slip. C’est un exercice que j’aime bien et que je maîtrise. C’est déjà ça.

Laé et moi nous sommes d’accord sur ce qu’on veut faire : parler à des meufs, surtout, prendre le contre pied de tous les reportages de festival qui montrent des nanas en tenue sexy et qui interviewent des mecs sur le savoir ultime qu’ils ont sur la musique. Alors que eux-mêmes sont littéralement tout le temps torse nu, et que personne ne leur dit rien. Alors pendant les 3 jours de festival on fait l’inverse de ce qu’on a marre de regarder.

Bien entendu, je rentre à Toulouse complètement explosée par 4 nuits sous la tente (je suis pas une pro du camping, clairement), de malbouffe, d’alcool et de bruit, mais on a passé un superbe week-end. Il y a beaucoup de choses à redire à ce festival, c’est évident (et dans le monde du métal en général), mais l’expérience en tant que reporter m’a plu, même si c’était compliqué (le soleil, l’alcool (encore), la timidité peut-être), et réussir à tirer quelque chose des gens, c’est pas facile. C’est un métier, et je peux pas tous savoir les faire. Mais j’apprends de chaque expérience

Le week-end suivant, je vais cette fois à la Pride de Paris, en groupe, avec les gens du Discord du Tag, qui sont décidément des perles. C’est un plaisir de rencontrer des nouvelles personnes, et d’autant plus des personnes qui sont dans une recherche de connaissances, de déconstruction. J’ai profité de devoir venir de toutes façons pour les 7 ans du magazine, pour lesquels Stephen a organisé une soirée. Sur place je rencontre 0ri parmi d’autres, et je recroise Nyx, LolaHoop et d’autres personnes que je connais de twitter.

La soirée en soi était super, à un détail près : j’ai un TGV pour Bordeaux le lendemain à 5h41 car je dois rejoindre Fred pour tenter une interview d’Ovidie et de Clarence Edgard-Rosa. C’est donc en ayant passé une parfaite nuit blanche que je me pointe au festival Causette (je suis partie direct de la soirée à la gare bravo, comme si j’avais encore 20 ans). En plus, ça ne se passe pas comme prévu puisque ni l’une ni l’autre des interviews n’auront lieu, Clarence ayant refusé, et Ovidie ayant mal compris notre demande. Je serais bien allée me coucher du coup, mais non car il y a un Live à faire avec les deux créateurs de revue Far Ouest (notez bien les petits yeux).

Après avoir récupéré et travaillé au bureau (car on l’oublie, mais je suis toujours en CDI dans une PME de Toulouse, et pas en vacances perpétuelles), je me lance dans un live que je dois filmer, et ce encore pour faire des images pour le documentaire. Je fais ça de chez un ami qui m’a prêté son appartement pour l’occasion et pour éviter que cela ne mette mon partenaire mal à l’aise de montrer notre intérieur, notre « chez nous » dans un documentaire qui aura une large portée qu’on espère même internationale.

Bon maintenant j’arrête hein, vacances. Repos. Pitié. Ah non c’est vrai, je prends l’avion après demain, pour Paris.

Photo en une : Philippe « Pippo » Jawor.

La suite au prochain épisode…

6 réflexions sur “Journal d’une Camgirl #405 – Je cours

  1. Un vrai plaisir de vous lire.
    A la manière d’une autobiographie, ou d’une rétrospective journalière,
    votre journal est riche en infos, en vidéos, en photos.
    C’est un vrai régal de le parcourir et il montre toutes les difficultés
    à percer, à réussir dans ce milieu là, car tel est votre choix.
    Un vrai parcours de « combattante ».
    Ce trésor était-il enfoui au fond d’un tiroir, vu les dates qui y figurent ?
    En tous les cas, je voulais vous féliciter et vous remercier de ce beau partage,
    car votre journal aurait très bien pu être publié sous la forme d’un livre et pourquoi pas d’un film. Mais vous savez plus que quiconque les difficultés que ça engendrent ne serait ce que de faire un court métrage. Mais votre vécu mérite bien ça.
    Le court métrage est d’ailleurs la prochaine étape.
    Je vous souhaite une bonne réussite, et je sais que vous l’avez eue.
    Encore merci.

    PS: je rajoute que c’est très bien écrit, d’une manière directe et sincère. Bravo.

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