Journal d’une Camgirl #3 – Complexité

Je commence à y prendre goût.

Un rituel se met en place doucement. Je prévois mes shows, et je préviens mes abonnés. Je choisis ma lingerie, je me recoiffe et me remaquille avant d’allumer la cam. Et je fais le ménage toujours. Je crois que ma chambre n’a jamais été aussi bien rangée. J’ai créé une adresse mail dédiée, un compte twitter. Je lis et réponds à tous mes messages. On m’a surnommée « Kitty » ou « Kitty Girl », à cause de tous les accessoires Hello Kitty qui trainent partout dans la chambre. Je trouve ça mignon.

Moi qui pensais juste « essayer comme ça pour voir », je me retrouve en ligne pour la 5e soirée de la semaine. J’ai déjà 426 tokens, ce qui équivaut à 42,6$. Ce n’est pas beaucoup, certes, mais pour l’instant, à part montrer mon décolleté et mes fesses, et teaser avec un petit sextoy au bord des lèvres, je n’ai pas fait grand chose. J’ai de gros complexes depuis toujours, et il y a une partie de mon corps que je me refuse à montrer, outre mon visage : c’est mon ventre. Forcément, ça limite pas mal les « chorégraphies » possibles. Jusque là, je me suis arrangée pour qu’on ne le voie que très peu. Je cadre pratiquement toujours sur mon menton et mon décolleté, je souris beaucoup, mais je ne parle jamais. De temps en temps je me retourne pour montrer mes fesses, ou alors je prends la webcam et je la fais parcourir mes pieds, mes jambes, hop, mes seins, mes épaules, ma bouche.

Aujourd’hui c’est la Saint Valentin. Je suis seule pour la soirée alors j’ai décidé de faire un show spécial pour ceux qui sont devant leur PC. Soutien gorge et string rouge, pull rouge et talons hauts rouges… j’ai pas fait dans la dentelle.

Passion rouge.
Passion rouge.

Comme tous les soirs, ça commence lentement, je ne me mets jamais à fond dedans tout de suite. J’ai besoin d’un moment, de connecter un peu avec les gens et de m’échauffer. Apparemment, ça me porterait préjudice : beaucoup de gens se connectent et repartent aussitôt puisque je ne suis pas à poil, à quatre pattes déjà « en pleine action ». Tant pis c’est comme ça. Chez moi les choses se font doucement. Je prends le temps de discuter avec les gens, je mets de la musique, je finis mon thé. La seule différence avec les soirées précédentes, c’est que je commence à faire un peu languir les mecs connectés pour qu’ils tippent d’avantage. Je ne réclame pas, je n’ai pas mis de tarifs. J’ai juste précisé :

You can tip if you like what you see!

Puisque j’ai mis des talons ce soir, j’ai décidé de les montrer. Seulement, la caméra filme soit mes pieds, soit mes cuisses, soit mon décolleté. Il manque la vision d’ensemble. Alors, je me mets debout finalement, et aussi parce que le tchat insiste un peu. Je suis dos à la cam, et le miroir de mon armoire est idéalement placé pour qu’on puisse me voir aussi de face, et que je puisse en même temps surveiller du coin de l’œil ce que la cam montre. Le string rouge me met en valeur bizarrement… Je tombe le haut, je soulève ma jupe noire. Perchée sur les talons, je me sens très sexy. Je prends confiance. Je me penche, on voit largement mes cuisses, mes fesses, et un peu plus. Je tombe la jupe. On me voit entièrement en sous-vêtements pour la première fois. J’ondule un peu, mais rapidement, je cours me rasseoir devant la webcam. Le visage toujours à moitié caché, bien sûr. Les compliments sont nombreux. Certains gentils, galants parfois osés, et certains parfaitement vulgaires et déplacés.

Merci, c'est trop !
Enfin, toujours est-il que je m’amuse, que je prends du plaisir. Je me caresse plus franchement qu’au début; je me masturbe même, n’ayons pas peur des mots. Je montre mon pubis, je laisse entrevoir mon sexe, mais en plans courts, et sans faire de zoom chirurgical. Je déteste voir des chattes écartelées dans le porn, alors je ne vois pas pourquoi je ferais ça devant la cam.

Comme hier, les jetons arrivent tranquillement. Je n’y fais pas trop attention, mais je voulais pas me mettre nue pour moins de 200, et l’objectif est atteint. Je me mets sur le lit, je fais le spectacle. Je suis un peu excitée, mais pas assez pour me lâcher complètement. Je joue avec mes sextoys, mais je reste « pudique ». Le tchat réclame toujours plus, plus près, plus fort, plus vite, plus profond.

Tout vient à point à qui sait attendre.

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